En décidant de mettre un terme aux négociations après l’annonce de la décision de Premier ministre grec d’appeler son peuple à un référendum le 5 juillet prochain, les dirigeants européens viennent de prendre une très lourde responsabilité devant l’histoire.

Ruinant d’un trait de plume tous les efforts réalisés de part et d’autre depuis cinq ans, ils ouvrent la porte à une banqueroute de la Grèce, à une déstabilisation profonde de la zone euro et une dislocation progressive de l’audacieuse construction européenne démarrée en 1950. Le populisme et le jusqu’au-boutisme d’Alexis Tsipras sont insupportables. Mais il est stupide, au nom d’un principe d’aléa moral aussi dogmatique que mal fondé, de demander à un pays d’honorer des dettes dont le monde entier convient qu’il est incapable de les rembourser !

C’était le rôle des dirigeants de la zone euro et, plus largement de l’Union, d’expliquer à leurs concitoyens que leur interêt bien compris était de remettre à la Grèce l’essentiel de ses dettes et de rééchelonner le reste, à charge pour la République Hellénique de réaliser souverainement toutes les réformes indispensables pour rétablir son économie et assurer le financement de ses dépenses.

Faute de vision, faute aussi de leadership politique français surtout, l’Union a préféré une approche technocratique et ignoré la voie démocratique, se condamnant à l’impasse. Rien ne sert d’avoir déclaré Jacques Delors citoyen d’honneur de l’Europe il y a deux jours si c’est pour mieux enterrer cette dernière !

Après le lâche compromis sur la question des migrants jeudi dernier, l’Union vient en effet d’enregistrer son deuxième échec en trois jours, qui pourrait être fatal à la construction européenne. Manuel Vals a tort de déclarer que l’économie française ne sera pas affectée. L’éventuelle sortie de la Grèce menace de nous coûter très cher, notamment pour les intérêts de notre propre dette. Et elle va être instrumentalisée par tous les ennemis de la France et par ceux de l’Union pour réclamer notre propre sortie !

Plus que jamais, il est urgent de refonder l’Europe et de lui permettre de retrouver le soutien libre de tous les peuples des nations qui la composent. L’Union monétaire, fiscale, budgétaire ou douanière échouera si elle ne sait pas être aussi populaire. L’Europe sera démocratique ou ne sera pas !

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