En décidant jeudi dernier de voter un amendement leur maintenant la possibilité de cumuler le mandat de sénateur et un mandat local, les sénateurs ont donné le désolant spectacle d’incorrigibles rétrogrades s’accrochant désespérément à leurs privilèges.
 
Aucun des arguments évoqués pour justifier ce vote scélérat n’est valable. En particulier, il est mensonger de dire que la fin du non-cumul coupera les sénateurs des réalités territoriales. Si le raisonnement était fondé, les sénateurs devraient aller au bout de leur logique en votant la démission automatique de tout sénateur perdant, lors d’élections, le mandat local qu’il peut par ailleurs détenir, ce qu’ils se gardent bien de faire… Affirmer qu’il faut exercer directement un mandat ou une profession pour être capable d’en comprendre les enjeux, c’est nier la validité même du mandat représentatif qui fonde l’existence de notre démocratie représentative !
 
Des sénateurs qui ne seront plus que sénateurs seront des élus libérés de tout conflit d’intérêts vis-à-vis de toute collectivité territoriale et concentrés sur leur seule mission. Il leur appartiendra de maintenir des relations étroites avec les territoires et leurs élus, ce qu’ils auront toute capacité à faire.
 
Il est frappant de constater que les sénateurs n’ont eu, depuis 16 mois, le courage de s’opposer à l’exécutif et aux députés que sur des projets de loi remettant en cause leurs propres avantages, à savoir la publicité de leurs patrimoines ou le non-cumul des mandats. Ils se sont en revanche couchés sur tous les autres sujets, même les plus liberticides, imposés par le gouvernement. La faute est encore plus grande pour les sénateurs de l’opposition qui affirment vouloir réduire les dépenses publiques et réformer le pays, mais s’opposent à cette mesure hautement symbolique du non-cumul.
 
En refusant de limiter ses propres privilèges, le Sénat vient donc de manquer une belle occasion de démontrer sa légitimité et son sens républicain.
 
Le Sénat se définit comme le grand conseil des communes et des collectivités territoriales de la République. Ce serait son rôle et son honneur de prendre la tête du combat pour la modernisation de l’organisation territoriale de la France en poussant à la suppression des échelons inutiles et à la fusion des départements et des régions.

Après son faux pas, le Sénat ne doit pas manquer de nouveau rendez-vous avec l’histoire !  

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