Après la crise grecque, celle des réfugiés ou les négociations en cours avec la Grande-Bretagne, sous la menace de sa sortie de l’Union, montrent une Europe faible, engagée dans une fuite en avant qui risque d’être mortelle.
La multiplication des limitations au principe de libre-circulation, comme la renonciation au principe de solidarité européenne, menacent l’existence même de l’Union. Ce n’est pas en réagissant dans la panique et en ordre dispersé, en menaçant la Grèce de l’exclure des accords de Schengen ou en laissant la Hongrie construire une nouvelle clôture, qu’on réglera le problème des réfugiés.
De même, la proposition exorbitante faite cette semaine par la Commission à la Grande-Bretagne de pouvoir décréter, de sa seule initiative, sine die et sans avoir à prouver que les circonstances l’exigent, un moratoire de plusieurs années sur les aides sociales, dont jouissent les Européens qui travaillent dans le pays, remet en cause les fondements mêmes de la libre-circulation en Europe.
La crise actuelle impose d’innover. Il est urgent de doter Frontex des moyens humains et financiers nécessaires pour assurer un véritable contrôle des frontières de l’Union et de travailler activement à la définition et à la mise en œuvre de solutions politiques durables en Syrie, en Libye, ainsi que dans les autres foyers de tensions proches de nos frontières, permettant de mettre fin au flux actuel d’immigration massive et de rendre possible le retour des réfugiés dans leur pays
Mais ces mesures, de même que les dérogations ponctuelles apportées aux principes fondateurs de l’Union doivent être déterminées dans le cadre d’une vision claire de l’Europe et de son avenir.
Car l’Europe du chacun pour soi et de la précipitation est condamnée. Ni le toujours plus, ni le moins d’´Europe ne permettront de régler les problèmes qu’elle traverse. L’Union, et la zone euro qui en dépend, ne vivront que si leurs membres choisissent de réaffirmer clairement ce qui les rassemblent, de préciser leurs valeurs essentielles, d’en fixer aussi les limites et de se donner des objectifs clairs à atteindre.
Il revient à la France de prendre l’initiative, la tête même, de cette refondation du projet européen et de cette redéfinition de ses objectifs. En esquivant cette responsabilité, François Hollande commet une faute contre la France et contre l’Europe. Il y a urgence à redonner à la France sa place en Europe !