La France n’a pas besoin d’une fausse querelle entre les anciens et les modernes, ni de réveiller la lutte des classe sur le sujet de consensus que peut et doit être le combat pour l’emploi.
En précipitant la discussion sur le projet El Khomri de réforme du droit du travail et en traitant ses opposants d’archaïques, le Premier ministre accumule les erreurs de méthode. Il agit contre l’intérêt des chômeurs, des salariés, des entreprises et de la France toute entière en créant les conditions de la division, ainsi que de de l’échec d’une réforme pourtant nécessaire.
Je suis entrepreneur depuis 5 ans après avoir près de 15 ans salarié. J’ai, à ce titre, une bonne compréhension des attentes et des contraintes respectives. Les entrepreneurs ne sont pas les ennemis des droits des salariés, bien au contraire !
Pour lever les freins à l’embauche et la crainte de l’arbitraire des prud’hommes, il faut aux entreprises plus de visibilité sur les conditions de licenciement. Il est logique qu’en contrepartie, les salariés veuillent être mieux sécurisés sur les conditions de leur indemnisation pendant une possible période de chômage. Le gouvernement commet une erreur majeure de méthode entre déconnectant la négociation sur l’indemnisation du chômage, qui vient de commencer, de celle du contrat de travail et en n’établissant pas les ponts nécessaires entre les deux.
C’est une autre erreur que de viser trop de sujets en un seul projet de loi. Il en naît un sentiment d’opacité et de confusion susceptible de créer de nouvelles peurs chez les salariés. Traiter des accords d’entreprises, en particulier compétitivité / emploi, en même temps que du chômage est pertinent. L’assouplissement de la durée du travail est en revanche un autre sujet, qui mérite une négociation propre après tous les débats sur les 35 heures depuis près de 20 ans… Qui trop embrasse, mal étreint ! A trop globaliser, on cristallise les peurs et les mécontentements.
Le risque est grand le pouvoir parvienne une fois encore, comme dans tant de domaines depuis 2012, à rendre impossible toute réforme du droit de travail et à la miner pour longtemps, alors que le consensus existait jusque-là pour avancer. Les entreprises ne doivent pas être victimes des postures réformatrices du président de la République, du Premier ministre ou de leurs ministres et de leur volonté échevelée de démontrer, à un an de l’élection présidentielle, qu’ils sont enfin prêts à agir !
Le plus grand service que l’exécutif puisse rendre aux entrepreneurs et aux salariés est de moins légiférer. L’entreprise est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des politiques sans expérience directe du secteur privé !
Ce que souhaitent aujourd’hui les Françaises et les Français acteurs du monde de l’entreprise, qu’ils soient entrepreneurs, dirigeants ou salariés, c’est que les responsables politiques consacrent leur énergie à transformer l’Etat et les administrations pour réduire les dépenses publiques et permettre ainsi de rétablir les conditions de la compétitivité nationale et qu’ils les laissent, pour le reste, gérer leurs relations et négocier les conditions de travail en adultes responsables !
C’est cela aujourd’hui être véritablement moderne et réformateur !