Le plan Etudiants annoncé aujourd’hui par le gouvernement est une mauvaise réponse à une vrai problème. Les dysfonctionnements du système APB, comme les près de 50% de taux d’échec des étudiants de faculté à la fin de la première année, illustrent la crise d’un système scolaire et universitaire qui n’a toujours pas géré la scolarisation de masse. Il y a donc urgence à agir pour offrir à notre jeunesse la formation et le succès qu’elle mérite.

Mais le catalogue de mesures annoncées hier par le Premier ministre n’est pas à la hauteur de l’enjeu. En refusant d’appeler les choses par leur nom et en voulant donner l’illusion que l’université reste et restera ouverte à tous, il met en place une nouvelle usine à gaz dont la complexité crée les conditions de l’échec. Il met également à la charge des professeurs de lycées une nouvelle tâche d’orientation pour laquelle ils ne sont pas formés et qui va les distraire de leur mission prioritaire de formation des élèves. La dégradation continue de l’enseignement scolaire montre pourtant la nécessité de reconcentrer les professeurs sur objectif prioritaire : la réussite de leurs élèves. Enfin, le plan présenté hier fait l’impasse sur les débouchés offerts aux étudiants qui ne seront pas sélectionnés par les universités. Le risque est grand de voir l’enseignement universitaire évoluer vers un système à deux ou trois vitesses avec des facs d’élites et des facs poubelles. Ce n’est pas ainsi que sera réglé le problème de l’échec universitaire.

La véritable solution à celui-ci et à la question de la sélection, c’est la remise à niveau du système scolaire et d’apprentissage. C’est parce que les lycées et les centres d’apprentissage formeront des élèves au bon niveau que l’université pourra demain assurer le succès des étudiants et mettre un terme au gâchis de l’échec universitaire. Faire les choses à l’envers ou à moitié, comme vient de le décider le gouvernement, c’est condamner une classe d’âge, celle qui arrivera dans les cinq prochaines années à l’université, à devenir les sacrifiés d’un système qui ne les aura pas préparés à la sélection et qui les empêchera de suivre les études correspondant à leurs vœux.

La réussite de notre jeunesse suppose aussi de la former au monde de demain. En faisant l’impasse sur la remise à plat de l’ensemble des formations universitaires et des filières d’apprentissage, afin de stopper celles qui sont obsolètes et d’en développer de nouvelles, en phase avec les bouleversements technologiques du monde qui vient, le plan Etudiants rate également le coche.

Une telle revue suppose, c’est vrai, des choix et du courage. Mais c’est parce que nous saurons faire preuve de vision prospective et d’audace, en faisant le tri entre les cursus qui doivent être abandonnés et ceux qui doivent être inventés, que nous mettrons fin aux difficultés actuelles et que nous assurerons demain le succès et l’avenir de notre jeunesse, ainsi que celui de la France tout entière.

lfm_2016