La nomination annoncée de Thierry Lepaon à la tête de l’Agence nationale de la langue française pour la cohésion sociale est inacceptable. A l’heure où le Premier ministre utilise une troisième fois le 49-3 pour faire passer en force la loi Travail, il donne le clair signal aux Français que la flexibilité accrue demandée au commun des salariés ne vaut pas pour les cercles du pouvoir. Et il démontre une nouvelle fois, après l’affaire Agnès Saal et celle du parachutage du directeur de cabinet de Stéphane Le Foll à la tête de l’INRA, que le discours de l’égalité, si souvent mis en avant par le pouvoir, ne va pas au-delà des mots.

Ni les compétences de Thierry Lepaon, ni les conditions de son départ de la CGT après l’affaire de son appartement de fonction ne justifient que lui soit octroyé un tel privilège !

Et Manuel Valls fait preuve d’un mépris complet des intérêts de l’Etat comme de la nation, en transformant l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, qui fonctionnait bien, en Agence nationale de la langue française pour la cohésion sociale dans le seul objectif de transformer sa présidence, jusqu’alors bénévole, en sinécure rémunérée pour le seul bénéfice de l’ancien président de la CGT.

La République n’est pas un fromage que peuvent se partager ceux qui devraient la servir !

Dans les circonstances actuelles, l’intérêt supérieur de la France impose de consacrer toutes les ressources disponibles au renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme. Notre pays ne peut pas se permettre, avec une dette supérieure à 2040 milliards d’euros et de finances publiques qui dérapent de dilapider les ressources budgétaires à des fins de clientélisme ou de copinage.

Il en va aussi de la légitimité des représentants nationaux ou syndicaux. Leur discrédit auprès des Français est total comme l’indiquent tous les sondages. Ce nouveau scandale ne peut qu’alimenter leur courroux légitime et tous les discours populistes. Croire qu’il suffira de profiter de la période estivale pour étouffer l’affaire témoigne d’une naïveté coupable. Manuel Valls doit sortir de sa tour d’ivoire !

La France a besoin d’un Etat fort. Elle a aussi besoin de syndicats forts. Ils ne le seront que s’ils sont légitimes, donc exemplaires dans leur comportement. Dans cette perspective, je propose :

– d’interdire la nomination de tout responsable syndical à un poste dépendant du pouvoir de nomination, direct ou indirect, du président de la République, du Premier ministre ou de tout membre du gouvernement pendant une période de cinq ans suivant la fin de ses fonctions syndicales ;

– de soumettre au vote du Parlement la transformation de tout poste bénévole en fonction rémunérée au sein des entités de l’Etat ou de ses démembrements.

L’heure est venue de mettre fin aux pratiques qui discréditent notre République et de lui donner les moyens d’une nouvelle légitimité.

lfm_2016