Emmanuel Macron se dit réformateur et pragmatique : tant mieux. Il se montre surtout pour l’instant dissimulateur.

Depuis son élection, il se borne, avec l’aide de son Premier ministre, à occulter le contenu de l’action qu’ils veulent mener après les élections législatives, tout en usant et abusant du double argument : donnez-leur leur chance et il faut au président une majorité absolue pour éviter les blocages futurs.

L’objectif poursuivi est simple : obtenir une majorité parlementaire permettant ensuite de gouverner sans contrainte, ni contrepouvoir.

L’interview d’Edouard Philippe dans le JDD d’hier est symptomatique : qu’il s’agisse de la réforme du code du travail, de la hausse CSG et de la réforme fiscale ou du prélèvement à la source, le Premier ministre esquive tous les sujets en se limitant à la forme sans aborder le fond.

Même chose pour la réduction du nombre de fonctionnaires, dont Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes Publics, préfère taire le chiffre ou de l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires ou aux couples de femmes mariées, sur laquelle l’Elysée botte en touche.

Cette anesthésie de la vie politique française est d’autant plus dangereuse que le programme politique d’Emmanuel Macron, concocté dans l’urgence par France Stratégie peu avant l’élection, ne dispose d’aucune légitimité forte.

Contrairement à l’histoire que la propagande gouvernementale et les médias voudraient accréditer, l’élection d’Emmanuel Macron n’est pas le résultat d’une brillante épopée et de l’approbation d’un programme clair par les Français. Elle est plus simplement la conséquence d’un concours de circonstances qui ont vu le candidat des Républicains s’effondrer et les Français condamnés à élire le candidat opposé à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

Rien à voir donc avec l’arrivée du général de Gaulle, dont le programme avait été rigoureusement énoncé dans le discours de Bayeux de 1946, plus de douze ans avant son arrivée au pouvoir, et dans les autres discours qui ont suivi.

Une grande nation comme la nôtre ne peut être gouvernée, ni transformée dans l’opacité. Ce serait une terrible régression démocratique que de voir un président de la République obtenir les pleins pouvoirs sans avoir exposé expressément aux Français les réformes qu’il entend mener pendant les cinq prochaines années. Ce serait aussi la garantie de son échec demain et un boulevard ouvert à la victoire des extrêmes dans cinq ans.

Dans l’intérêt de la France, de l’Europe et des Français, il est urgent qu’Emmanuel explique clairement à notre peuple le programme qu’il propose d’appliquer pendant son quinquennat et qu’il aille chercher sa majorité parlementaire sur ces fondements. L’avenir de la démocratie française est en jeu !

lfm_2016