La francophonie est une chance formidable pour notre pays. Elle rassemble aujourd’hui 77 Etats, dont 57 membres de l’Organisation Internationale de la Francophonie, un total de 900 millions d’hommes et de femmes sur tous les continents et près de 270 millions de locuteurs français.
Il faut leur ajouter près de 120 millions de personnes qui, partout dans le monde, apprennent le français comme langue étrangère et 500 000 hommes et femmes inscrites dans les Alliances françaises. Ces chiffres, en hausse significative depuis le début du siècle, pourraient encore être supérieurs si les moyens humains et logistiques nécessaires étaient mobilisés. La Chine en particulier, où la demande est très forte, manque cruellement de professeurs de français.
Le potentiel de la francophonie est considérable. Seule langue officielle dans 30 Etats, le français est déjà la 3ème langue la plus pratiquée sur Internet. Rassemblant 60% de jeunes de moins de 30 ans, la communauté francophone devrait compter en 2050 plus de 1,5 milliards d’hommes et de femmes, dont 700 millions environ de locuteurs. 85% des francophones et 90% des jeunes locuteurs vivront alors en Afrique ! C’est souligner l’importance qu’il convient d’accorder à ce continent dans notre politique et dans notre action politique, économique, culturelle ou militaire !
Ces atouts, il nous revient de les faire fructifier. La francophonie est déjà une réalité humaine, linguistique, culturelle et politique. Comme l’affirmait Teilhard de Chardin, « la langue française a permis l’émergence d’une communauté intellectuelle et spirituelle universelle ». Mais nous pouvons et devons aussi transformer la francophonie en chance économique.
Il faut pour cela que nous réalisions les investissements nécessaires, en commençant par augmenter, autant que de besoin, le nombre de professeurs de français dans les pays francophones et partout dans le monde. Il convient aussi de renforcer les moyens des centres culturels français et des Alliances françaises et de promouvoir es artistes, mais aussi chercheurs, développeurs ou entrepreneurs francophones. Et nous devons assurer le rayonnement du français en favorisant la délivrance de visas pour tous les jeunes talents, francophones ou non, désireux de réaliser leurs études ou de développer leurs activités sur le territoire national et en nous attachant à former les élites, experts et techniciens de l’ensemble francophone.
Soutenir la francophonie, c’est aussi défendre résolument l’usage du français dans toutes les institutions internationales, appuyer prioritairement celles où il est langue officielle et insuffler un nouvel élan au droit français en donnant un coup d’arrêt à l’invasion du droit anglo-saxon dans tous les pays de culture juridique française. Notre droit était un avantage compétitif. Il peut le redevenir.
Nous devons enfin promouvoir, beaucoup plus offensivement qu’aujourd’hui, la présence du français sur le web en mobilisant, en appui des initiatives et entreprises du secteur privé, les fonds publics pour développer les outils digitaux les meilleurs et les plus innovants dans notre langue, les mettre à disposition de tous ceux, particuliers, institutions, associations et entreprises qui souhaitent les utiliser et en assurant leur diffusion active.
Loin d’être une nostalgie, la francophonie constitue pour notre nation un enjeu de première importance. Elle doit devenir une priorité et faire l’objet d’une véritable stratégie anticipant les besoins futurs, dégageant les capacités d’investissement ou de financement nécessaires et la constituant en axe structurant de notre action diplomatique et internationale aux côtés de la construction communautaire.
L’heure n’est plus aux slogans, aux commémorations et autres intentions, mais à l’ambition et à l’action. Si nous le voulons, ensemble, nous pouvons faire de la francophonie une force extraordinaire !