Combien faudra-t-il de naufrages industriels pour que l’Etat révolutionne ses pratiques de gouvernance au sein des entreprises publiques ?

Les situations désastreuses d’Areva et de CGG, les pertes abyssales de la SNCF et les menaces inquiétantes qui planent sur l’avenir d’EDF, d’Eramet et de Vallourec ne sont pas le fruit du hasard. Elles mettent en évidence l’impasse d’une gouvernance étatique incapable de dépasser l’horizon du court terme, soumettant la stratégie des entreprises aux aléas des calculs électoraux immédiats et escamotant tout principe de responsabilité.

Ces entreprises ont toutes sous-performé leurs homologues du privé. Croire que leurs difficultés sont passagères et que tout ira mieux demain sous la protection de l’Etat est une dangereuse illusion. Les disparitions ou démembrement d’Alcatel ou d’Alstom démontrent que le parapluie public ne protège que très peu de temps.

Derrière ces échecs, ce sont des emplois détruits, ce sont des sièges sociaux qui partent pour l’étranger, ce sont des recettes fiscales qui disparaissent et c’est du gaspillage immédiat de deniers publics.

Il y a urgence à agir. Il n’y a pas de fatalité à la faillite des entreprises publiques. Pour leur donner un avenir et en faire de nouveaux champions, il faut :
– imposer la définition de stratégies claires et de long terme, en particulier pour les entreprises en charge des grandes infrastructures publiques comme EDF, la SNCF ou Areva par exemple ;
– libérer leurs politiques de tarification du joug politique et interdire toute intervention politique mettant à risque leurs finances futures ;
– différer une partie de la rémunération des responsables de tutelle, ministres et fonctionnaires, des entreprises concernées avec libération progressive de cette fraction différée sur cinq ans sous condition d’atteinte de critères de performance alignés sur celles des autres entreprises françaises et internationales du secteur ;
– mettre un terme à la pratique d’irresponsabilité de leurs dirigeants et de leurs administrateurs représentant l’Etat ;
– procéder à une évaluation professionnelle annuelle de leurs dirigeants et du fonctionnement de leurs conseils d’administration, sous le contrôle de la Cour des Comptes.

Nos entreprises publiques et leurs salariés méritent mieux que la somme de dysfonctionnement, d’instrumentalisation et de lâche abandon dont leur gouvernance fait l’objet. L’heure est venue pour l’Etat actionnaire d’entrer dans le XXIème siècle et de voir loin !

lfm_2016