La majorité parlementaire a voté le 9 avril la suppression du délai de réflexion obligatoire de sept jours entre la première et la deuxième consultation pour obtenir une interruption volontaire de grossesse.

Les députés ont ainsi porté atteinte au subtil équilibre mis en place en 1974 entre les droits fondamentaux de l’enfant à naître et ceux de la mère, pour des motifs mal fondés. Le principal argument des promoteurs de cette suppression du délai de réflexion est qu’il serait infantilisant, voire culpabilisant.

Personne pourtant ne considère comme infantilisant ou culpabilisant le délai de réflexion ou de rétractation imposé à tout acquéreur non professionnel d’un bien immobilier. Cette disposition a pour but de permettre à l’acquéreur de réfléchir sur les conséquences de cet acte patrimonial lourd et, éventuellement, de pouvoir revenir sursa décision. Il ne viendrait à personne aujourd’hui l’idée de supprimer cette mesure protectrice des droits de l’individu.

Ce qui vaut pour un achat immobilier vaut encore plus pour une interruption volontaire de grossesse. Comme l’avait affirmé Simone Veil le 26 novembre 1974 lors de l’examen par l’Assemblée nationale du projet de loi instituant l’IVG, l’avortement « est toujours et restera toujours un drame ».

La loi de 1974 n’est pas un totem. Elle peut être améliorée. Si la procédure du délai de réflexion culpabilisait certaines femmes, il convenait de la modifier pour l’éviter et mieux les accompagner.

En supprimant purement et simplement le délai de réflexion, le pouvoir se trompe. L’objectif de la loi sur l’IVG, pour reprendre de nouveau les mots de Simone Veil, n’a jamais été de banaliser l’avortement, ni de lui faire perdre son « caractère d’exception », mais de le « contrôler » pour éviter les situations de détresse et « autant que possible, en dissuader la femme ».

A l’oublier voire le nier, le législateur remet en cause la nature de solution à la fois « réaliste, humaine et juste » de l’IVG. Pour satisfaire le combat idéologique d’une frange de son électorat, le gouvernement renonce à l’option préférentielle pour la vie qu’avait su jusqu’à présent maintenir les majorités qui se sont succédées et adoptent une lâche neutralité. Trois mois après les événements de début janvier, cette abdication des valeurs qui fondent notre République est une faute.

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