Le silence ou la résignation ne peuvent tenir lieu de politique. C’est pourtant l’attitude qu’a choisie la plupart des dirigeants européens, à commencer par les dirigeants français, face au non néerlandais au référendum de mercredi dernier sur l’accord d’association entre l’Europe et l’Ukraine.

Nier son à caractère représentatif en pointant un taux de participation d’un peu plus de 30%, c’est jouer l’autruche et mettre la tête dans le sable. Le caractère représentatif de beaucoup de nos scrutins et la légitimité de nombreux élus est dans ce cas tout aussi contestables eu égard au niveau de participation.

À moins de 100 jours du référendum britannique sur le Brexit, celui de mercredi confirme une nouvelle fois le désamour des opinions publiques pour une Union trop bureaucratique et désincarnée. Il montre aussi l’irresponsabilité de dirigeants politiques qui refusent de s’engager franchement en faveur de l’Europe, qui s’en servent comme paravent de leurs propres lâchetés et qui s’assoient sur les manifestations claires de la volonté populaire.

L’Europe ne survivra pas longtemps à ce traitement. Persister dans cette direction, c’est condamner l’Union à se désagréger progressivement avant une explosion probable liée à celle de la zone euro.

Les citoyens des pays de l’Union restent pourtant, dans leur grande majorité, attachés à l’Union comme à l’euro. Si les deux échouent, ses dirigeants en seront les seuls responsables.

Il faut changer l’Europe en profondeur pour lui bâtir un avenir. Il est urgent de la débureaucratiser en remettant à plat toutes ses compétences et en réaffectant aux niveaux national ou local toutes celles qui y seraient mieux exercées.

Il convient aussi de créer de nouveaux mécanismes prévoyant la sortie de l’Union, ou de certaines de ses politiques, de ses membres si leur peuple le décide. Pour éviter la paralysie ou la confusion qui naîtraient d’une Union à la carte, l’exclusion ne pourrait s’appliquer qu’à des pans entiers de la politique communautaire, par exemple l’ensemble de la politique étrangère dans le cas du refus d’un traité par un pays de l’Union.

Il faut aussi rendre l’Union plus proche de ses ressortissants en développant de nouveaux projets, soumis à l’adhésion des peuples, proches des préoccupations quotidiennes des habitants de l’Union comme la santé, l’éducation dans les matières scientifiques et linguistiques ou la formation professionnelle.

Il y a lieu enfin de mettre un terme à l’irresponsabilité politique des dirigeants face à la volonté de leur peuple. Le rejet d’un acte ou d’une politique communautaires dans le cadre d’une élection ou d’un référendum signifie, soit que les dirigeants nationaux n’ont pas su exprimer la vision nationale auprès des instances de l’Union, soit qu’ils ont mal défendu cet acte ou cette vision auprès de leur opinion publique. Dans les deux cas, il est essentiel qu’ils en tirent toutes les conséquences en remettant leur mandat aux électeurs.

Il y a le feu à la maison Europe. La pire des réponses serait de ne rien faire. Il est urgent de transformer l’Europe en profondeur pour lui donner un avenir. Si nous le voulons, ensemble, nous pouvons mettre un coup d’arrêt à l’immobilisme actuel qui détruit l’édifice que nous avons bâti depuis 66 ans et menace le futur de l’Europe tout entière.

lfm_2016