Les masques tombent. Après le rejet du projet d’accord sur le travail dominical par la majorité des salariés du BHV, Philippe Houzé, président du directoire du groupe Galeries Lafayette BHV, a annoncé qu’il n’excluait pas « d’organiser un nouveau référendum » pour obtenir satisfaction. On pouvait pourtant espérer que l’expérience désastreuse des référendums européens ignorés servirait de leçon. Mais il n’en est rien et l’idée du président des Galeries Lafayette est maintenant d’imposer par la force, au nom de l’intérêt du magasin, ce qui était initialement présenté comme une demande forte des salariés…

Il y aura donc autant de votes que nécessaires pour assurer, avec les pressions qui s’imposent, l’adhésion des employés. Beau progrès !

Après avoir été réclamée au nom de la modernité ou de l’intérêt des salariés, l’ouverture dominicale est maintenant définie comme « un levier indispensable pour résister à Internet, ouvert 24 heures sur 24. » Mais là encore, l’argument ne tient pas, puisque, dans de nombreux pays, les distributeurs continuent à se porter très bien sans ouverture dominicale malgré la concurrence du commerce digital. Et cette vision défensive augure mal de la capacité des acteurs concernés à résister à la révolution digitale.

Loin de correspondre à une vision moderne, la généralisation du travail dominical reflète une conception obsolète du commerce et du marché du travail. Déjà aux Etats-Unis, plusieurs grands distributeurs ont choisi de rester fermés le Black Friday. Ils préfèrent se concentrer sur des opérations originales après avoir réalisé qu’ouverture permanente ne rimait pas avec rentabilité, ni efficacité.

La facilité avec laquelle les distributeurs français ont accepté, dans les zones à risques, la fermeture des magasins le week-end des 14 et 15 novembre, au lendemain des attentats barbares du 13 novembre à Paris, montre également que l’intérêt supérieur de la nation peut aisément justifier le renoncement à l’ouverture dominicale. On n’a plus entendu, ces jours-là, réclamer l’ouverture des magasins au prétendu nom de la lutte contre le chômage…

Au moment où tout démontre que le modèle consumériste ne peut servir d’idéal à la jeunesse de France, il apparaît plus que jamais nécessaire de restituer au dimanche son statut profondément moderne de journée de la famille, de la vie citoyenne et des engagements associatifs, donc chômée pour la très grande majorité des Français.

La généralisation du travail dominical, loin de constituerun progrès, apparait déjà comme une mesure dépassée. Ne soyons pas en retard d’une guerre et tirons-en toutes les conséquences en proclamant obsolète le dispositif législatif récemment voté.

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