Dépassés par la crise des migrants, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sont prêts à tout pour gagner du temps et tenter d’y trouver des solution.

Afin de limiter les arrivées depuis la Turquie, ils ont décidé, lors du conseil européen du 15 octobre, d’annoncer un accord provisoire avec Ankara comportant une aide européenne de 3 milliards d’euros, une libéralisation de l’octroi des visas Schengen pour les Turcs, le classement du pays en tant qu’Etat sûr – où il n’y a pas de persécution politique et dont les ressortissants ne peuvent donc pas solliciter le statut de réfugié au sein de l’UE, ainsi et la relance des négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’UE.

La Turquie est un grand pays et son peuple un grand peuple. En refermant la porte d’une adhésion rapide après l’avoir ouverte en 2005, les dirigeants européens ont profondément abîmé la relation entre nos pays en créant chez les Turcs un sentiment d’humiliation et de défiance.

Il serait irresponsable de renouveler les erreurs du passé. L’Europe n’est pas prête à un nouvel élargissement, à la Turquie ou à un quelconque autre pays. Au delà des question de fonds que pose la candidature de la Turquie, la gouvernance de l’Europe est aujourd’hui trop imparfaite, le projet européen trop incertain et la défiance des peuples trop grande pour même l’envisager. L’urgence est aujourd’hui de réformer l’Union pour lui donner de nouvelles fondations et la consolider.

Ne jouant donc pas avec le feu en agitant le sujet d’un redémarrage des négociations d’adhésion de la Turquie qui ne fera qu’alimenter le sentiment anti-européen, servir d’argument de tribune aux ennemis de l’Union et susciter de nouveaux ressentiments turcs quand il faudra de nouveau remettre à plus tard les discussions.

Nous devons également nous montrer fiables et forts face au président Erdogan qui va tenter d’exploiter sa position de force. Toute faiblesse sera exploitée contre nous par le chef d’Etat turc à quelques jours des élections législatives du 1er novembre. Après que l’Union ait surcommuniqué depuis jeudi sur le projet d’accord provisoire et s’en soit, ce faisant, déjà rendue otage, la Turquie s’est empressée de durcir sa position et de préciser que nous étions encore loin d’une signature…

Il est urgent de reprendre la main et de donner une nouvelle dynamique à la négociation en cours sans aucune promesse de réouverture du processus d’adhésion à l’Union. En politique internationale comme domestique, manque de vision, duplicité et faiblesse ne peuvent conduire qu’à l’échec !

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