Le président n’avait rien à dire. Sous les ors de Versailles, il n’a rien dit…
Il est dommage qu’enfermé dans sa propre image, le chef de l’exécutif se croit obligé de se célébrer lui-même en commémorant déjà ses actes, dont son passage au Congrès, de l’an dernier. Dans un discours de Premier ministre, il n’a fait que rappeler les projets déjà annoncés, sans donner la perspective d’ensemble qui manque tant.
Une fois encore, nous avons eu les mots, beaucoup de mots, trop de mots, mais pas la vision. Il faut dire qu’après avoir théorisé la parole rare, Emmanuel Macron est devenu le champion d’une communication tous azimuts qui use le verbe présidentiel.
Pire, en annonçant qu’il avait demandé au gouvernement de déposer dès cette semaine un amendement au projet de loi constitutionnelle, qui lui permettra, lors du prochain Congrès, de rester pour écouter, mais aussi pouvoir répondre aux parlementaires, le chef de l’Etat porte une nouvelle atteinte à la séparation des pouvoirs.
Pour satisfaire sa propre communication, il met à risque le sage principe qu’avaient institué les générations précédentes d’interdire au chef de l’exécutif d’intervenir dans les débats du législateur. Créer une telle exception, c’est mettre le ver dans le fruit.
Comme l’ont montré l’absurde réforme du quinquennat et d’autres mesures de circonstance qui ont affaibli l’équilibre et la force de notre démocratie, il nous revient de refuser cette atteinte à la séparation des pouvoir, contraire à l’intérêt des Français. Qui peut croire que le président a besoin d’une telle réforme pour communiquer avec les parlementaires, avec qui ils échangent directement ou indirectement tous les jours.
Dans une époque troublée, où l’égotisme des dirigeants publics semble l’emporter sur leur sens du service, c’est notre responsabilité commune d’être les ardents défenseurs des principes fondamentaux qui garantissent l’avenir de notre démocratie et de nos libertés !