En reprochant aux manifestants « d’aller foutre le bordel », Emmanuel Macron a choqué les Français. Il n’y a pas lieu de faire preuve de pudibonderie. Mais il est clair que le président a eu tort d’employer ces mots-là pour trois raisons au moins.

L’histoire des dix dernières années démontre que le discours de la provocation ne sert à rien. Loin de régler les problèmes, les références au Kärcher, à l’apartheid, à Molenbeek et bien d’autres n’ont fait que diviser et apporter la paralysie là où le mouvement était indispensable. En blessant inutilement et en suscitant de vaines polémiques, il conduit celui qui les professe à prendre la tangente et à déserter le champ de bataille, alors même que l’action serait indispensable. Pire même, il rend le sujet durablement explosif et ingérable pour ceux qui lui succèdent.

Ce discours de la provocation a aussi pour inconvénient de désacraliser la fonction. Emmanuel Macron s’était justement fait l’apôtre d’une parole rare et élevée… Elle lui a clairement manqué l’autre jour en Corrèze. Loin d’être un parler vrai, ses mots relevaient d’un parler vulgaire qui délégitime la parole présidentielle. Car les Français attendent autre chose de leur président de la République : de la hauteur de vue, de l’élégance et de la grandeur. Les Français avaient été heureux de retrouver un peu de fierté après la malheureuse parenthèse Hollande. Le nouveau dérapage présidentiel les a fait redescendre sur terre !

Il témoigne aussi, et c’est le troisième problème, d’un manque de maîtrise de soi inquiétant pour un chef de l’Etat. La fonction dont il à la charge, les responsabilités qui sont les siennes, les moyens, notamment militaires, dont il dispose, exigent un sang-froid à toute épreuve et une capacité à se maîtriser qui ont fait défaut mercredi dernier à Emmanuel Macron.

Le président a eu tort. Il lui revient d’en tirer les conséquences et de corriger le tir pour qu’un président ne dise plus jamais cela !

lfm_2016