Il faut souhaiter que les élections du 21 décembre permettent à l’Espagne et à la Catalogne de trouver une issue positive à la crise actuelle. Mais elle aura démontré, quel que soit leur résultat, l’incapacité dangereuse des Etats-nations européennes à se gouverner démocratiquement et de l’Union à comprendre ses peuples !
La crise catalane est la conséquence de près de 10 ans d’une crise économique, qui a profondément déstructuré l’économie de l’Espagne et appauvri ses ressortissants. Elle a aggravé la fracture territoriale et mis à jour l’absence de solidarité, au sein du royaume espagnol, mais aussi des autres États de l’Union, ainsi qu’entre ceux-ci.
En jouant l’épreuve de force et en laissant se développer la crise jusqu’à la déclaration d’indépendance, le gouvernement de Madrid a pris des risques immenses et affiché sa faiblesse. Mais les autres chefs d’Etat et responsables de l’Union ne se sont pas montrés plus brillants.
Quand Donald Tusk, président du Conseil européen, affirme, au nom des 28, que le référendum catalan « ne change rien pour l’Union européenne », il renouvelle l’erreur de ses prédécesseurs. En ignorant et en effaçant le suffrage populaire quand il n’allait pas dans leur sens, ils ont mené l’Europe sur le chemin du délitement.
L’accélération de la mondialisation a tout à la fois pour conséquence de dissoudre le sentiment national et de renforcer l’individualisme, tout en alimentant, dans un réflexe de protection, le particularisme et le régionalisme. Face à l’épuisement de la social-démocratie, à l’affaiblissement continu des partis de gouvernement et à la fragmentation électorale auxquels nous assistons concomitamment, il y a urgence à prendre les peuples d’Europe au sérieux.
Le rôle de l’Union n’est pas de favoriser le développement des forces centrifuges. Mais faire l’autruche en laissant dégénérer la situation ne la mènera nulle part. Et ceux qui croient bâtir une souveraineté européenne sur les décombres des Etats-nations se trompent. Leur faillite serait le tombeau de l’Europe.
C’est au contraire parce que les dirigeants européens sauront renforcer les solidarités et permettront aux citoyens de leurs États de vouloir vivre de nouveau ensemble qu’ils leur offriront un avenir, ainsi qu’à l’Union, dans le respect de la volonté de leurs peuples. L’Europe sera démocratique ou ne sera plus !