Chers Amis,

L’idiot de Prévert «suivait son idée, c’était une idée fixe et il s’étonnait de ne pas avancer ». C’est exactement le comportement dont nous devons nous garder pour permettre à la France de quitter le sentier du déclin et de repartir de l’avant.

Voilà plus de 20 ans que notre pays pâtît de la mise en œuvre dispendieuse de promesses électorales absurdes, devenues idées fixes, dont l’inanité était prouvée avant même qu’elles n’entrent en application. Il y eut les 35 heures, il y eut la taxe à 75%, il y eut la loi Allure. Il serait stupide de commettre la même erreur avec le service national universel.

Je fais partie de la dernière génération de jeunes Français qui ont effectué leur service militaire. De Saumur au Nord de la France, j’ai été très heureux de servir la France en tant qu’élève-officier. Pendant ces douze mois, j’ai appris beaucoup, côtoyé des hommes et des femmes de grande qualité et noué de profondes amitiés. J’ai surtout eu la chance de découvrir, de l’intérieur, la force et la grandeur de notre armée, de ses officiers et de ses soldats. C’est pour cela que j’ai regretté la décision de Jacques Chirac de mettre un terme à la conscription. C’était il y a 22 ans, en 1996 !

La nostalgie ne doit avoir aucune prise sur le destin de la France ! Comme le disait le général de Gaulle, homme d’histoire, de tradition et surtout de vision, « on peut regretter la douceur des lampes à huile, la splendeur de la marine à voile, le charme du temps des équipages », mais ce n’est pas avec ce type de sentiment que nous ferons avancer notre nation.

La réintroduction d’un service national ne répond à aucun besoin de défense, ainsi que l’ont clairement exprimé les responsables militaires. Nous n’avons plus au surplus ni les infrastructures nécessaires, les casernes ayant été rétrocédées aux communes ou vendues, ni les officiers et sous-officiers indispensables, dont l’Etat s’est séparé, pour encadrer et former de jeunes appelés au nombre doublé par l’extension aux filles du service obligatoire…

Il n’existe pas non plus de besoins civils réels justifiant l’instauration d’un service universel, comme le président de la République et le Premier ministre l’ont reconnu à plusieurs reprises au cours des derniers mois en dénonçant l’inutilité des emplois aidés multipliés par François Hollande…

Gardons-nous d’idéaliser le service militaire. Si certains, comme moi, ont eu la chance de profiter d’une formation humaine passionnante, il faut se souvenir des nombreuses critiques adressées au service avant sa suppression. Il lui était pêle-mêle reproché de faire perdre leur temps aux appelés, d’être propice à l’oisiveté et de manquer la fonction de brassage social que la mythologie républicaine voulait lui faire jouer.

Il convient enfin d’être sérieux. Qui peut penser qu’un service de trois à six mois suffira pour réparer les dysfonctionnements du système éducatifs et pour assurer l’intégration que quinze ans d’école auront été impuissants à réaliser ! C’est bien plutôt en refondant le système scolaire, en retissant un véritable lien citoyen, en mettant en œuvre un nouveau modèle d’intégration et en accédant au plein-emploi, s’agissant notamment des jeunes, que nous réaliserons la nécessaire intégration et ressouderons notre nation !

Emmanuel Macron a tort quand il balaie d’un revers de main les critiques sur le coût de mise en œuvre de sa promesse électorale trop précipitamment concédée. La situation dégradée des finances publiques nationales ne permet pas de dilapider 3 à 4 milliards d’euros supplémentaires chaque année. Il faut sortir de cette mauvaise habitude du fait du prince et de gabegie présidentielle, qui nous coûte tant et depuis trop longtemps.

La France doit, bien sûr, être capable de mobiliser 3 à 4 milliards d’euros pour sa défense ou pour la formation de sa jeunesse. Mais il revient à ses dirigeants de ne procéder à ces dépenses que si elles sont efficaces et permettent d’atteindre les objectifs fixés. Mieux vaut sinon les investir dans nos équipements militaires ou dans notre système scolaire, qui en ont un cruel besoin. C’est la responsabilité présidentielle d’effectuer un tel arbitrage.

Cette réflexion sur le fait du prince et les excès de pouvoir présidentiels est à mettre en perspective de la situation allemande. Il est facile pour les commentateurs français de moquer le manque de charisme de la chancelière ou la très lente mise en place du nouveau gouvernement à Berlin. Mais la lecture du programme de la plateforme gouvernementale dévoilé la semaine dernière doit nous inspirer de la modestie. Le choix qu’il manifeste en faveur de l’investissement, de la famille, de la jeunesse et de la juste répartition de la création de richesse confirme que notre pays a encore beaucoup de chemin à faire pour redevenir le modèle politique qu’il était au début de la Vème République !

C’est parce que nous saurons retrouver cette éthique de gouvernement, ce sens du bien commun et cette volonté de remettre la France au premier rang que nous pourrons convaincre les 58% des Français qui jugent désormais « mauvaise » la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron. Il y a urgence à le faire pour permettre à notre peuple de surmonter ses divisions, relever les défis communs, retrouver l’Espérance et choisir un avenir meilleur. Ensemble, la victoire est à notre portée !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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