Emmanuel Macron s’envole ce matin pour l’Australie. Après les belles images de Vladimir Poutine à Versailles, de Donald Trump à la Tour Eiffel, du couple Macron à la Cité interdite de Pékin, au Taj Mahal d’Agra et du mémorial d’Abraham Lincoln à Washington, nous aurons de nouveau droit à de jolies cartes postales. Que ces belles images servent l’ego présidentiel, aucun doute ! Mais la seule vraie question est de savoir si elles servent aussi l’intérêt de la France.
Il est clair qu’après l’éclipse Hollande, le chef de l’Etat a réussi à replacer notre pays sur la scène internationale. Mais, pour être juste aussi, nous devons faire le constat que notre nation est moins influente qu’elle ne l’était sous la présidence des prédécesseurs de François Hollande. Son quinquennat fut le seul sous lequel la France perdit sa voix, faute d’avoir un président crédible à sa tête.
Même si le désastre libyen a profondément entaché son bilan, Nicolas Sarkozy sut, par son leadership, avoir un impact parfois déterminant sur le cours de l’histoire, lors de la crise de 2008, puis en 2010 en Europe, mais aussi sur de nombreux autres terrains. Jacques Chirac et François Mitterrand, s’ils ont échoué à faire progresser la France sur le plan intérieur, ont en revanche permis à la France de tenir son rang sur la scène internationale.
On peine à voir pour l’instant les retombées positives, pour notre nation et pour l’Europe, de la photo-diplomatie mise en œuvre par le chef de l’exécutif. L’Union est à l’arrêt, en recul même sur de nombreux sujets. La soi-disant « bromance » entre Emmanuel Macron et Donald Trump, qui a bien compris l’intérêt de flatter l’ego de son homologue français, n’a pas amené le président des États-Unis à réintégrer l’accord de Paris sur le climat, ni à accepter l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien. Sur le front russe, la politique présidentielle n’a pas eu plus de succès. Et la France semble aujourd’hui sans réelle voix sur les grands sujets internationaux du moment, qu’il s’agisse de de la crise syrienne ou du rapprochement coréen.
Il est clair que la France, pour retrouver sa grandeur, ainsi que son rôle dans la construction de la l’Europe et les relations internationales, a besoin d’autres choses que discours et de photos. Comme l’a montré l’humiliation d’Emmanuel Macron, ridiculisé par un Donald Trump lui retirant ses pellicules et le trainant par la main sur les balcons de la Maison Blanche, vouloir « faire copain-copain » avec des dirigeants étrangers qui n’ont d’autre guide que l’intérêt de leur pays est voué à l’échec. De même, sur le plan extérieur comme dans les domaines intérieur et européen, le « en même temps » ne suffit pas.
Nous devons au contraire préférer l’action au discours, le fonds à l’image et avoir une vision claire des vrais enjeux du monde et de l’avenir de notre pays pour rendre à la France le rôle qu’elle mérite. Cela suppose aussi de rétablir d’urgence, pendant qu’il est encore temps, les finances publiques nationales et de renforcer les ressources des armées pour avoir les moyens de notre politique, de notre influence et de notre rayonnement. Il faut enfin passer de la compétition enfantine avec les autres dirigeants européens, dont les commentaires narquois accompagnant la visite vendredi d’Angela Merkel Washington ont encore témoigné, à un jeu d’équipe gagnant entre les principaux dirigeants de l’Union.
Ainsi parviendrons-nous à progresser ensemble et à faire triompher les valeurs qui font la grandeur de la France. Il est temps !