Chers Amis,
J’avais choisi samedi dernier le silence, le tohu-bohu créé par le scandale Griveaux rendant tout autre message inaudible. Une semaine plus tard, l’affaire a heureusement quitté le devant de la scène politique pour gagner les rubriques trash ou people des magazines, où elle est beaucoup mieux à sa place. Il convient néanmoins d’en tirer tous les enseignements pour notre République.
L’utilisation de la sextape du candidat à la mairie de Paris par des opposants pour obtenir son retrait ne grandit pas notre vie politique. Elle doit être condamnée et nous conduire à renforcer la protection de la vie privée sur les réseaux sociaux, ainsi que les sanctions contre tous ceux qui la violent. Cela vaut pour Benjamin Griveaux. Cela vaut aussi pour tous les hommes et les femmes, très particulièrement les jeunes, qui sont victimes de tels agissements.
Mais la pratique de la sextape par un adulte, de presque 40 ans à l’époque des faits, de surcroît porte-parole du gouvernement, doit également être condamnée et encore plus s’il en a existé de multiples, comme cela semble se confirmer. Le mouvement #MeToo a heureusement conduit à mettre fin à des pratiques d’abus et d’asservissement inacceptables. Il devrait en être de même pour des vidéos susceptibles de constituer des agressions pour leurs destinataires.
Le remplacement de Benjamin Griveaux par la ministre de la Santé est tout aussi inacceptable. Les dossiers urgents, dont elle avait la charge, requéraient son maintien en fonction, sauf à ce qu’elle fut un ministre inutile, ce qui aurait dû alors la disqualifier pour une candidature à la mairie de Paris. Son parachutage à moins d’un mois des élections, sur un programme flou et sans qu’elle n’ait effectué le travail préparatoire nécessaire, discrédite notre vie politique et ceux qui l’ont désignée.
La bonne décision eut été, pour le parti présidentiel, de renoncer, en se désistant le cas échéant en faveur d’un autre candidat. Trois ans après l’affaire Fillon, ce nouveau scandale décrédibilisant l’un des candidats clefs à une élection doit aussi nous amener à définir de nouvelles règles. Nous devons prendre acte de l’immédiateté de diffusion des informations sur les réseaux et de la disqualification possible de l’un ou l’autre des principaux participants à une élection à une date proche du scrutin. La meilleure solution serait de prévoir que tout candidat à une élection majeure devra se doter d’un vice-candidat susceptible de le remplacer en cas de retrait choisi ou imposé. Cela éviterait que ne se reproduisent les crises que nous avons vécues en 2017 et que nous revivons aujourd’hui.
L’affaire Griveaux impose enfin de revenir sur le devoir d’exemplarité qui s’impose à tout décideur politique, encore plus quand il occupe une fonction publique. Ces responsables ne sont pas nécessairement des saints, mais ils doivent s’astreindre, le temps au moins de leur mission, à se montrer dignes des fonctions qui leur sont confiées et de l’Etat, qu’ils représentent. C’est ce que le président et son Premier ministre auraient dû rappeler le week-end dernier à l’ensemble des membres du gouvernement et à tous les responsables politiques.
C’est un même sens du service et de l’Etat qui devrait inspirer l’exécutif dans sa lutte contre l’islamisme. Contrairement à ce qu’a déclaré le président de la République à Mulhouse mardi, le problème n’est pas le séparatisme. L’utilisation de ce terme est encore un petit accommodement, un lâche renoncement. En refusant de nommer les choses par leur nom, le chef de l’Etat nous condamne à l’échec. Les islamistes n’ont pas pour objectif de quitter la République, mais de la gangrener pour mieux la soumettre. C’est pour cela, et dans l’intérêt de tous les Français, quels que soient leur religion ou leur origine, qu’il faut enfin agir pour éradiquer les zones de non-droit et vaincre le fanatisme islamique.
C’est avec la même volonté de servir et la même lucidité qu’il faut affronter la question agricole. L’échec hier des négociations de Bruxelles sur le budget européen, comme la multiplication du nombre de suicides chez les agriculteurs, sont deux aspects d’une même crise. Ce n’est pas en pratiquant un marathon agricole dans les allées du 57ème salon de l’agriculture, qui vient de ouvrir ses portes, que nous la résoudrons. Il ne s’agit là que d’effets de manche sans lendemain. En pleine transition écologique, le vrai enjeu est de doter la France et l’Union de la stratégie agricole qui leur fait défaut.
Nous le voyons bien. Ce dont notre pays et l’Europe ont besoin aujourd’hui, ce sont de femmes et d’hommes d’Etat, ayant pour seul objectif de les servir et de leur assurer le plus grand succès. Notre dessein est là. Ensemble, construisons la France et l’Union de demain, celles que nous voulons et celles que nous entendons transmettre à nos enfants et petits-enfants. Tout ceci est entre nos mains !
Bon week-end à tous
François Vigne