Chers Amis,

En ces heures difficiles où le monde semble chercher sa boussole, c’est un double appel à l’esprit de responsabilité et à celui de fraternité que je veux lancer. Il revient à chacun de nous de respecter l’ensemble des mesures nécessaires pour endiguer la propagation de l’épidémie de coronavirus, en particulier chez les personnes les plus menacées. Mais nous devons le faire sans jamais renoncer aux valeurs qui font la grandeur de notre nation, sans trahir en particulier les principes de fraternité et de solidarité avec les plus fragiles d’entre-nous qui fondent notre société.

Le plus frappant, dans cette nouvelle manifestation d’affolement du monde que nous sommes en train de vivre, c’est le désordre, l’incohérence et le manque de solidarité. Chaque État y va de ses mesures, sans se soucier des autres pays et avec des justifications qui ressortent souvent plus du café de commerce que de l’analyse rationnelle. Comme cela a déjà été démontré, la fermeture des écoles italiennes a eu au moins autant d’inconvénients, en accélérant la propagation du virus chez les personnes âgées gardant leurs petits-enfants, que de bénéfices.

On cherche en vain la cohérence entre le maintien du premier tour des élections municipales dimanche et la fermeture des écoles françaises lundi. Il est désormais connu que celle-ci a été retardée à lundi pour éviter à l’exécutif d’avoir à reporter les élections de la veille… Contrairement aux déclarations de l’exécutif, la continuité de notre démocratie n’aurait pas été affectée par un report du suffrage. Il aurait au contraire permis un vote plus serein, alors que les électeurs auront la tête ailleurs dimanche.

L’interdiction totale des visites dans les EPAD, décidée en milieu de semaine par les autorités françaises, est une autre mesure bien incertaine. Elle va renforcer l’isolement des personnes âgées, mais aussi nous confronter à de véritables questions morales. Que ferons-nous en cas de décès dans ces EPAD ? Dans quelles conditions les familles seront-elles accueillies ? Les corps seront-ils rapatriés chez elles avant les funérailles ? Comment seront organisées les obsèques ? Le récit du traitement des victimes et des enterrements anonymes dans des fosses communes en Chine nous impose d’y réfléchir d’urgence.

Deux médecins viennent d’affirmer dans l’Opinion que l’heure n’était pas à la réflexion éthique, mais à l’action politique, et qu’il serait toujours temps de procéder a posteriori à cette réflexion éthique sur les pratiques employées pour leur donner un sens… Cela reviendrait à tenter de justifier ex post des pratiques le cas échéant monstrueuses pour soulager notre conscience. L’histoire nous le démontre. Chaque fois qu’un tel choix a été effectué, il fut perdant. L’humanité a reculé, avant que la lumière portée par ceux qui n’avaient pas voulu abdiquer leurs valeurs permette de repartir de l’avant et de faire triompher le bien sur le mal.

Il ne s’agit pas la de simples réflexions éthiques ou philosophiques, mais bien de politique. Il est urgent de garder la raison, ou de la retrouver pour ceux qui l’ont perdue. Le coronavirus, bien qu’extrêmement virulent et exigeant des moyens très importants en matière de ventilation artificielle, a un taux de létalité limité. Nous sommes en train de stopper l’économie mondiale, avec des conséquences qui pourraient être encore plus redoutables pour nos sociétés. Il est impératif de jauger chacune des décisions à prendre à l’aune de son apport pour l’Homme et sa grandeur. C’est, comme l’a rappelé le général de Gaulle, le seul combat qui vaille.

Je souhaite, pour conclure, rendre hommage aux maires et aux élus municipaux pour lesquels nous voterons dimanche. Ils constituent un rouage crucial de notre démocratie. La crise sanitaire en cours montre de nouveau leur rôle essentiel au service de la cité. Le fait que moins d’un sur deux d’entre-eux ait choisi de se représenter confirme néanmoins la nécessité de transformer leur mission.

La montée en compétence de l’ensemble de la population et le partage instantané de l’information expliquent que les citoyens n’acceptent plus d’être consultés, considérés et choyés uniquement au moment des élections, puis oubliés. En dehors des mesures urgentes ou simples, dont chacun comprend qu’elles doivent être prises par un seul ou quelques-uns, l’enjeu est aujourd’hui de faire passer le citoyen-habitant du statut de consommateur de service public à celui de participant actif à une décision coconstruite.

Ce qui est vrai pour l’action publique municipale l’est aussi pour la vie politique nationale, comme le démontre le projet de réforme non urgente et raté des retraites. C’est par la coconstruction que nous relégitimerons la décision politique et offrirons un grand avenir à notre démocratie.

C’est notre mission collective. Ensemble, bâtissons la France de demain, une France rassemblée, une France plus grande, une France plus forte.

Bon week-end et bon vote à tous, dans un esprit de responsabilité et de fraternité

François Vigne

Président de la France en marche

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