Chers Amis,
Il y 75 ans la France et ses Alliés triomphaient de la barbarie nazie. Cette victoire, nous la devons à tous les soldats qui ont pris le risque de perdre leur vie pour nous rendre notre liberté, en particulier aux 35 000 tués des 252 000 héros des Forces Françaises Libres et aux 300 000 militaires américains, sur 12 millions engagés, morts au combat. Si les dirigeants de l’époque avaient agi comme ceux d’aujourd’hui, si le général de Gaulle, lors de son Appel, avait dit aux Français « restez chez vous » plutôt que « venez me rejoindre pour combattre et gagner », nous ne serions peut-être toujours pas libérés et aurions, dans tous les cas, mis infiniment plus de temps à l’être. C’est cet esprit de courage, ainsi que cette soit de vie, de grandeur et de liberté, que nous devons retrouver.
Il est urgent d’agir. Les chiffres publiés en fin de semaine dernière sur l’activité du premier trimestre et mardi par la Commission européenne pour les perspectives de croissance de la zone euro confirment le décrochage sévère de la France. Notre PIB a reculé de 5,8% au premier trimestre contre 5,2% en Espagne, 4,7% en Italie, 3,9% en Belgique, 3,8% pour l’ensemble de la zone euro, 2,5% en Autriche et probablement 2% seulement en Allemagne. Pour l’année 2020, notre pays devrait perdre 8,2% de son PIB, contre 7,7% pour l’ensemble de la zone euro et 6,5% seulement de nouveau pour l’Allemagne. Le décrochage se poursuivrait en 2021, puisque notre PIB resterait 1% inférieur à celui de 2019, alors qu’il le dépassera de 1% en Allemagne et sera également supérieur en Autriche, en Pologne, en Slovaquie ou en Croatie.
L’histoire jugera sans doute très sévèrement nos dirigeants qui se sont engouffrés sans réfléchir dans la voie chinoise du confinement strict et ont mis à l’arrêt le pays. Elle le fera d’autant plus que nous continuons à figurer dans le peloton des pires pays en matière de mortalité. A près de 75 000 victimes, les Etats-Unis ont encore près de 2 fois moins de morts que nous en proportion de leur population. L’Allemagne affiche toujours, pour sa part, un bilan plus de 4 fois meilleur que le nôtre. Sur le fondement des chiffres actuels, 19 800 des 25 800 Français décédés auraient été épargnés s’ils avaient vécu en Allemagne.
Pour inverser la tendance, il est plus que temps de changer de discours et de passer de celui de la peur à celui de la mobilisation. Il le faut d’autant plus que l’ensemble des pronostics des prophètes de malheur ont pour l’instant été déjoués. Contrairement à leurs affolantes prédictions, le nombre de cas n’a pas explosé en France, la Suède, sans imposer de confinement, ne nous a pas rattrapés en matière de mortalité, la reprise de l’école s’est effectuée sans difficulté au Danemark qui déconseille le port du masque, l’Afrique n’a pas été submergée, etc.
Malheureusement, notre peuple continue à n’entendre de la part de ses responsables politiques, administratifs, médicaux et syndicaux, ainsi que des médias qui leur servent de portevoix, que l’expression de craintes. Chacun développe celles qui se rapportent à son domaine de compétence. En synthèse le Premier ministre a peur, le ministre de l’Intérieur a peur, le ministre de l’Economie a peur, le ministre de la Santé a peur, les présidents de Conseils régionaux ont peur, les maires ont peur, les directeurs d’école ont peur, les professeurs ont peur, les postiers ont peur, les présidents et employés de la SNCF, de la RATP et de leurs homologues ont peur, etc. Alors que les Français attendent de leurs dirigeants publics un message d’action, de confiance et de responsabilité, ils constatent aujourd’hui que l’heure est à la défausse généralisée et aux votes d’autoamnistie.
Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que nos concitoyens voient, comme les Italiens et les Espagnols, l’avenir avec un grand pessimisme et qu’ils n’aient pas confiance dans l’exécutif pour mener à bien les prochaines étapes du déconfinement. La confusion gouvernementale ajoute à l’anxiété créée par le discours de la peur. Le président de la République désavoue le Premier ministre, qui se contredit lui- même d’une déclaration à l’autre. Quant aux ministres, ils y vont tous, de Christophe Castaner à Olivier Véran, de leur partition individuelle, sans cohérence, ni coordination. Nos concitoyens ont à juste titre le sentiment que leur gouvernement navigue à vue, quand ceux de l’Allemagne, du Danemark ou de l’Autriche progressent avec méthode et succès sur la voie du déconfinement en renforçant leur avance.
Le plan annoncé hier soir par le Premier ministre est un petit pas dans la bonne direction, mais il est trop imprécis et trop lent. Pour rattraper le retard national, il est indispensable que l’exécutif donne enfin une perspective claire, qu’il remplisse correctement ses engagements, notamment en matière de tests, de respirateurs, de masques et autres produits, et qu’il montre l’exemple. Dans cette perspective, il est inacceptable que la remontée en régime des transports publics, de la poste ou des écoles soit si poussive. Comment Anne Hidalgo peut-elle demander 3 jours supplémentaires pour préparer la réouverture des écoles, alors qu’elle a eu 2 mois pour l’organiser ? Comment Pôle-Emploi peut-il reporter au 18 mai la réouverture de ses agences, alors qu’il a disposé du même délai pour s’en préoccuper. Les entreprises du secteur privé y parviennent. Avec les ressources qu’il dévore, l’Etat n’a aucune raison de faire moins bien !
Le déconfinement réussira si nos gouvernants parviennent enfin à assurer un pilotage efficace, en se concentrant sur la vision et sur l’approvisionnement en matériels nécessaires, en s’abstenant d’imposer de nouvelles formalités ou de énièmes formulaires comme les trois nouveaux présentés hier soir, en déléguant au bon échelon et en faisant confiance aux entrepreneurs, comme à tous les Français, pour régler les problèmes sur le terrain. Eux savent où ils vont. Aucun d’eux n’est suicidaire.
Il est essentiel aussi de se projeter sans plus attendre dans l’avenir. Nous ne le gagnerons pas en préparant la bataille d’avant ou en érigeant de nouvelle ligne Maginot ! Il faut au contraire, tout en préservant la santé des Français, les remobiliser après les avoir endormis, rebâtir les digues juridiques qui ont cédé pendant cette crise, concernant nos libertés publiques et nos valeurs fondamentales, redresser l’Etat, assainir les finances publiques tout en soutenant la relance, accélérer la transformation digitale et énergétique des administrations, recommencer enfin à investir, bref travailler !
C’est ainsi que nous pourrons repartir de l’avant et que nous nous montrerons dignes de ceux qui ont livré leur vie pour nous il y a plus de 75 ans. La victoire est possible. La France était à terre au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Elle a pu se redresser et retrouver le chemin des sommets sous la direction d’hommes et femmes déterminés, animés par seule volonté de servir.
Il est peu probable que l’équipe actuelle soit à la hauteur. Trois ans après son élection, Emmanuel Macron et son gouvernement ont montré leur incapacité à gérer les trois crises des Gilets jaunes, des retraites et du coronavirus, auxquelles ils ont été confrontés. Il n’y a aucun doute que d’autres en seront capables avec tous les talents que recèle notre pays. C’est l’objectif que nous devons collectivement nous fixer, sans aucun ego, ni prétention individuelle, mais avec une immense ambition pour la France et l’Europe, au service de l’avenir de nos enfants et petits-enfants.
Je veux pour terminer rendre un nouvel hommage à nos soignants, à l’ensemble des bénévoles qui se sont engagés à leurs côtés dans les hôpitaux, les cliniques ou les EHPAD et sur la plateforme Covidom, à tous nos militaires, policiers, pompiers, à tous les acteurs et salariés du secteur privé qui ont cultivé, nourri, nettoyé, livré ou qui se sont rendu chaque jour à leur bureau, malgré l’adversité, pour servir le bien commun. Ils sont collectivement les héros de cette période de confinement dont nous allons heureusement sortir.
Bon 8 mai, bon week-end et bon déconfinement à tous. Ensemble, nous allons gagner !
Amicalement
François Vigne
Président de la France en marche
| Statistiques du coronavirus au 6 mai 2020 au soir | ||||
| Pays | Population (millions) | Nb de cas | Nb de morts | Morts par hab |
| Etats-Unis | 330 | 12 454 562 | 73234 | 0,222% |
| Espagne | 47 | 253 682 | 25857 | 0,550% |
| Italie | 60 | 214 457 | 29684 | 0,495% |
| France | 67 | 174 191 | 25809 | 0,385% |
| Allemagne | 83 | 167 575 | 7190 | 0,087% |
| Royaume-Uni | 67 | 201 101 | 30076 | 0,449% |
| Turquie | 83 | 131 744 | 3584 | 0,043% |
| Belgique | 11 | 50 781 | 8339 | 0,758% |
| Suisse | 9 | 30 060 | 1795 | 0,199% |
| Pays-Bas | 18 | 41 319 | 5204 | 0,289% |
| Canada | 38 | 63 375 | 4223 | 0,111% |
| Brésil | 210 | 121 600 | 8022 | 0,038% |
| Portugal | 10 | 26 182 | 1089 | 0,109% |
| Autriche | 9 | 15 684 | 608 | 0,068% |
| Corée du Sud | 51 | 10 806 | 255 | 0,005% |
| Russie | 144 | 165 929 | 1537 | 0,011% |
| Israël | 9 | 16 314 | 238 | 0,026% |
| Suède | 10 | 23 918 | 2941 | 0,294% |
