Comme le confirme la détérioration de la situation sanitaire, la stratégie gouvernementale actuelle du masquer / tester ne fonctionne pas. Comme l’ont recommandé les meilleurs experts dans leur tribune au Parisien https://www.leparisien.fr/societe/covid-19-nous-ne-voulons-plus-etre-gouvernes-par-la-peur-la-tribune-de-chercheurs-et-de-medecins-10-09-2020-8382387.php, il est urgent de changer de cap et de ne plus se laisser gouverner par la peur.
Cette tribune mérite d’être citée dans son intégralité pour prendre un peu de hauteur et mettre en place une réponse efficace à la crise sanitaire actuelle :
« Nous, scientifiques et universitaires de toutes disciplines, et professionnels de santé, exerçant notre libre arbitre et notre liberté d’expression, disons que nous ne voulons plus être gouvernés par et dans la peur. La société française est actuellement en tension, beaucoup de citoyens s’affolent ou au contraire se moquent des consignes, et nombre de décideurs paniquent. Il est urgent de changer de cap.
Nous ne sommes pas en guerre mais confrontés à une épidémie qui a causé 30 décès le 9 septembre, contre 1438 le 14 avril. La situation n’est donc plus du tout la même qu’il y a 5 mois. Par ailleurs, si la guerre peut parfois justifier un état d’urgence et des restrictions exceptionnelles de l’Etat de droit et des libertés publiques qui fondent la démocratie et la République, ce n’est pas le cas d’une épidémie. Aujourd’hui comme hier, cette crise doit nous unir et nous responsabiliser, pas nous diviser ni nous soumettre.
C’est pourquoi nous appelons les autorités politiques et sanitaires françaises à cesser d’insuffler la peur à travers une communication anxiogène qui exagère systématiquement les dangers sans en expliquer les causes et les mécanismes. Il ne faut pas confondre la responsabilisation éclairée avec la culpabilisation moralisatrice, ni l’éducation citoyenne avec l’infantilisation. Nous appelons également l’ensemble des journalistes à ne plus relayer sans distance une communication qui est devenue contre-productive : la majorité de nos concitoyens ne fait plus confiance aux discours officiels, les complotismes en tous genres foisonnent sur les réseaux sociaux et les extrémismes en profitent.
Le confinement général, mesure inédite dans notre histoire, a eu des conséquences individuelles, économiques et sociales parfois terribles qui sont loin de s’être encore toutes manifestées et d’avoir été toutes évaluées. Laisser planer la menace de son renouvellement n’est pas responsable.
Il faut évidemment protéger les plus faibles. Mais de même que l’imposition du port du masque dans la rue, y compris dans les régions où le virus ne circule pas, l’efficacité du confinement n’est pas démontrée scientifiquement. Ces mesures générales et uniformes, imposées sous surveillance policière, relèvent davantage d’une volonté d’afficher une posture protectrice que d’une stratégie sanitaire précise. D’où leur grande volatilité depuis six mois. Beaucoup d’autres pays agissent avec plus de cohérence. Une coordination européenne serait nécessaire.
Nous appelons également le gouvernement à ne pas instrumentaliser la science. La science a pour condition sine qua non la transparence, le pluralisme, le débat contradictoire, la connaissance précise des données et l’absence de conflits d’intérêts. Le Conseil scientifique du Covid-19 ne respectant pas l’ensemble de ces critères, il devrait être refondé ou supprimé.
Nous rappelons par ailleurs que les premiers à soigner les malades sont les médecins généralistes. Les écarter de la lutte contre le Covid, en ne leur fournissant ni tests ni masques et en suspendant leur liberté de prescrire les médicaments autorisés de leur choix a constitué une erreur qui ne doit pas se reproduire. L’ensemble des soignants doit au contraire être mobilisé, équipé et solidarisé afin d’améliorer nos capacités de réaction et non les restreindre.
Enfin, les impératifs de protection contre la contagion ne doivent pas conduire à trahir l’éthique médicale et les principes humanistes fondamentaux. Isoler les malades et protéger les personnes à risque ne veut pas dire les priver de tous droits et de toute vie sociale. Trop de personnes âgées sont décédées et se dégradent encore actuellement dans un abandon motivé par des motifs sanitaires non justifiés. Trop de familles souffrent de ne pouvoir leur apporter l’affection indispensable à leur bonheur et à leur santé.
Il est urgent de nous remettre à penser ensemble pour définir démocratiquement nos stratégies sanitaires, redonner de la confiance à nos concitoyens et de l’avenir à notre jeunesse. »
Depuis le début de la crise sanitaire, les pouvoirs publics sont toujours en retard d’une guerre. S’il faut continuer à pratiquer les deux vraies mesures protectrices que sont le lavage des mains et la distanciation physique, la priorité ne doit plus être à la prévention, mais à l’augmentation rapide des capacités nous permettant de soigner dans les meilleures conditions la minorité de patients développant des réactions graves.
Il le faut d’autant plus que des progrès importants ont été réalisés dans la prise des patients hospitalisés depuis le début de l’année. C’est ainsi que le taux de mortalité a diminué de 50 % chez les patients hospitalisés entre le début de l’épidémie et fin juin.
Il faut aussi redonner de la cohérence au dispositif et mettre fin aux mesures absurdes, comme le port du masque en extérieur. Tous les experts s’accordent pour reconnaître que rien ne justifie le port du masque extérieur. Au contraire, cette contrainte injustifiée pousse beaucoup de Français à renoncer aux vraies mesures barrières, lavage de mains et distanciation, ou à pratiquer des mesures d’évitement beaucoup plus porteuses de risques.
Avant de définir une politique, il convient toujours de se poser la question que prescrivait le sage Solon : « Dites-moi, d’abord, pour quel peuple et à quelle époque ? ». Pour nous, c’est du peuple français qu’il s’agit. N’essayons pas de dupliquer la stratégie sanitaire de dictatures comme la Chine, dont les méthodes n’ont rien à voir, ni celle de la Corée du Sud, dont les habitudes culturelles sont également très différentes.
Il nous appartient, face à une maladie très contagieuse, mais à la létalité limitée, de définir notre propre voie, une voie efficace, fondée sur l’anticipation, le renforcement des capacités hospitalières et des moyens en oxygène des EHPADs, la protection des plus fragiles et le lavage des mains, dans le respect des valeurs de liberté qui font notre force et avec la volonté d’assurer le destin de la France, ainsi que l’avenir de sa jeunesse.
C’est ainsi que nous sortirons par le haut de la crise actuelle.