La crise européenne de la vaccination n’est pas qu’un problème d’organisation. Elle témoigne aussi de la profonde dépendance des pays de l’Union à l’égard des producteurs américains et britanniques de vaccins. Aucun de ses champions pharmaceutiques n’est parvenu à en développer un. C’est pour cela que l’Union se trouve aussi dépourvue face à la pénurie actuelle de doses disponibles
Le renoncement de Sanofi et de Pasteur la semaine dernière a acté de l’échec français dans la recherche du vaccin contre le coronavirus. Ce naufrage ne résulte pas du seul manque de chance. Il est aussi celui d’un manque de soutien de la puissance publique. Elle n’a pas doté nos laboratoires nationaux des moyens nécessaires pour prendre les risques indispensables et accélérer leurs recherches. L’échec français est aussi celui de vieux groupes, qui n’ont pas su s’associer à des start-up ou de jeunes firmes capables de mieux innover et d’aller beaucoup plus vite.
Nous devons en tirer toutes les conséquences. La France et l’Europe sont en train de perdre un temps précieux qui risque de leur coûter cher pour la sortie de crise. S’il est trop tard pour la campagne de vaccination immédiate, nous devons prendre les moyens nécessaires pour éviter que cette situation ne se reproduise. C’est notre responsabilité de refaire de la France et de l’Europe des territoires d’excellence pharmaceutique, vaccinale et de santé.
La France occupait, jusqu’en 2008, la première place de la production européenne de médicaments. Elle se trouve désormais derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie. Nous sommes restés positionnés sur de vieux médicaments dont la consommation stagne ou décroît. Nous souffrons aujourd’hui d’une gouvernance du médicament est gouvernée par le court terme et les enjeux politiques.
Depuis 2010, la valeur de la production nationale de médicaments a perdu 30% par rapport à celle de l’Italie… Et nos exportations plafonnent depuis 2013. Notre dépendance de l’étranger est passé de 50 % pour les médicaments lancés avant 2000 à 85% pour ceux lancés depuis 2010.
Il n’y a pas de fatalité. Nous pouvons reconquérir notre souveraineté et notre leadership. Cela suppose de concentrer nos moyens sur l’innovation et de positionner notre appareil industriel sur les médicaments à plus forte valeur ajoutée et les biotechnologies. Nous devons aussi mutualiser les moyens européens. Face à un risque pandémique que la crise de la Covid 19 met en pleine lumière, nous devons agir ensemble avec nos partenaires européens.
C’est en regroupant nos forces pour constituer un Airbus des vaccins que nous retrouverons notre souveraineté sanitaire et serons en mesure de dominer les prochaines pandémies. En cette matière comme dans les autres, l’avenir se prépare aujourd’hui !