Chers Amis,

Les résultats de l’élection présidentielle de dimanche dernier confirment la nécessité de refonder notre vie politique, avec près des deux tiers des Français qui ne se retrouvent pas dans le schéma actuel. Cinq jours après le scrutin, le flottement persistant illustre aussi l’immense besoin de réenchanter notre démocratie autour d’un nouveau projet collectif pour les Françaises et les Français.

Le débat sur la légitimité de la réélection d’Emmanuel Macron est infondé. Il a recueilli la majorité des suffrages des Français ayant choisi de s’exprimer. C’est un fait. Il est tout aussi vrai que le président n’a pas été bien élu, n’ayant obtenu le soutien que de 38% des électeurs, 35% ayant choisi de s’abstenir ou de voter blanc et nul et 27% de choisir sa concurrente. Les résultats dans les départements et collectivités d’Outre-Mer, qui ont tous placé Marine Le Pen largement en tête, à l’exception de ceux du Pacifique, constituent un autre signal d’alerte. Ils témoignent tous de la profondeur de la crise politique actuelle. Si le chef de l’Etat a été très habile pour accélérer la décomposition de l’ordre politique ancien, il s’est révélé incapable d’en fonder un nouveau.

Son projet du repositionnement de la vie politique nationale autour d’un parti central aux frontières incertaines part d’une analyse erronée. Il est aussi dangereux. Il n’y a pas de démocratie sans alternance politique possible. Dans le système semi-présidentiel institué par la Vème République, elle implique que le ou la chef de l’opposition succède au titulaire du pouvoir exécutif. En repoussant l’opposition vers les extrêmes, Emmanuel Macron travaille à leur arrivée au pouvoir suprême. Pour éviter ce scénario noir, il est urgent de recréer une droite et une gauche républicaines capables de gouverner et de succéder dès 2027 au chef de l’Etat actuel.

Son choix d’enjamber et de dévitaliser la campagne présidentielle est également porteur de graves menaces. Le désabusement et le flottement généralisés qui règnent depuis dimanche soir dernier en témoignent. Emmanuel Macron semble ne pas savoir lui-même à quoi va pouvoir servir son second mandat. Il y a pourtant urgence à agir. La confirmation hier matin par l’INSEE de la combinaison d’une forte inflation de 4,8% en avril et d’une croissance nulle au premier trimestre montre l’ampleur des difficultés économiques auxquelles notre pays s’apprête à faire face. Le président de la République, pas plus que sa rivale, n’y ont préparé les Français. Rien n’indique non plus, au vu des derniers développements, que la situation va s’améliorer sur le front ukrainien.

Nous en sommes tous conscients. Les défis sont nombreux. Ne soyons pas nostalgiques de l’ordre, ni des partis anciens. Le seul intérêt de la situation actuelle est de voir certains de leurs représentants, qui bloquaient toute réelle évolution, quitter enfin la scène, discrédités par des reniements ou des ralliements indécents. Cela nous offre la possibilité de reconstruire sur des bases plus solides.

C’est notre priorité. La sanglante guerre russe contre l’Ukraine le confirme une nouvelle fois. Les problèmes ne se règlent pas tout seul. Si nous ne choisissons pas aujourd’hui de reconstruire notre démocratie et notre République, en cessant d’en déléguer paresseusement la gestion aux plus mauvais de notre génération, nous verrons demain leur écroulement. Nous n’en avons pas le droit, vis-à-vis de notre pays et des générations futures.

Face au désabusement actuel et au retrait du système de beaucoup de citoyens, il est urgent aussi de réenchanter notre démocratie en offrant à tous les Français des motifs d’espérance et en leur permettant ensemble de construire un avenir meilleur, qui n’en laisse aucun sur le bord du chemin.

Les prochaines élections législatives ne constitueront pas la première étape de cette refondation. Elles viennent trop tôt et le fait majoritaire rend l’exercice illusoire. Mais c’est sans attendre que nous entreprenons ce travail de reconstruction au service de notre pays et du futur de notre jeunesse. L’avenir de la France, de l’Europe et de notre liberté est entre nos mains. Il se prépare aujourd’hui.

Bon week-end et bon 1er mai à tous, dans la détermination et en communion avec nos frères et sœurs ukrainiens

Amicalement

François

François Vigne

Président de la France en marche

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