La mort de Steve Maia Caniço émeut légitimement la France. Comme l’ont dit sa famille et ses amis, il n’est pas normal qu’un jeune homme de 24 ans meure pour s’être rendu à la fête de la musique. Quels qu’ils soient, il est clair que des dysfonctionnements ont eu lieu, dans la préparation, la gestion et la sécurisation de l’événement. Il faut en tirer toutes les conséquences, les enseignements et les responsabilités.

Le pouvoir ne s’est pas montré, jusqu’à présent, à la hauteur des siennes. En mettant trop longtemps à réagir et à enclencher les recherches nécessaires, en manquant de l’humanité la plus élémentaire à l’égard de la famille de Steve Maia Caniço et en se montrant plus prompt à vouloir se protéger qu’à faire triompher la vérité, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont manqué à leur devoir.

Plutôt que d’annoncer de façon prématurée, sur le fondement d’un rapport de l’IGPN manifestement incomplet, qu’aucun lien de pouvait être établi entre l’action de la police et la mort de Steve Maia Caniço, puis de voler au secours de Christophe Castaner, le Premier ministre aurait dû exprimer sa détermination à faire toute la lumière sur cette nouvelle affaire.

Après la pantalonnade Benalla, après les scandales du saccage de l’Arc de Triomphe, des événements du 16 mars à Paris, des beaucoup trop nombreux blessés parmi les manifestants Gilets Jaunes, ainsi que des émeutes des supporters algériens de juillet, l’exécutif continue à renforcer la défiance de la population vis-à-vis de la police et à creuser le fossé entre les citoyens et les policiers.

Alors que les cambriolages poursuivent leur augmentation, alors que les règlements de compte se multiplient et font d’innocentes victimes dans la population, il est clair que le pouvoir actuel se montre doublement incapable d’assurer l’ordre public et la protection des libertés fondamentales.

L’affaire n’est pas nouvelle. Elle remonte au quinquennat Hollande, auquel ont activement collaboré Emmanuel Macron, Christophe Castaner et beaucoup de membres de la majorité. Celui-ci fut le théâtre d’événements aussi inacceptables que le placement en garde-en-vue de bons citoyens pères de famille coupables d’avoir simplement porté un pull aux couleurs de la manif pour tous, de propos intolérables du Premier ministre à l’égard des Roms, ou du lynchage de policiers dans les banlieues comme en plein Paris.

Tout ceci doit cesser. La France doit renouer avec l’ordre public et ses valeurs. Le peuple français doit aussi retrouver confiance dans sa police, dont il avait justement loué le rôle fondamental dans la protection de nos libertés lors des attentats de janvier 2015. L’ordre public et la protection de la sécurité de tous, partout sur le territoire, constituent une condition de la démocratie. Elles sont aussi un droit imprescriptible du citoyen comme l’affirme l’article 3 de la Déclaration de l’Homme et du Citoyen. C’est la responsabilité du gouvernement de les assurer en dotant la police des moyens nécessaires.

La protection des libertés publiques est un autre droit imprescriptible du citoyen. « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions », comme l’affirme cette même Déclaration et le rappelle notre Constitution. Il est donc urgent de sortir du terrible cercle vicieux dans lequel nous sommes rentrés depuis 2012 et dans lequel les Français voient s’affaiblir leurs libertés essentielles.

Tout ceci ne sera possible qu’en sanctionnant et en faisant partir ceux qui ont failli, en commençant par l’actuel ministre de l’Intérieur. L’avenir de notre République est en jeu. C’est la responsabilité du président de la République et du Premier ministre d’agir sans tarder et de se montrer enfin à la hauteur de l’histoire de la France et de l’héritage que les générations précédentes nous ont légué.

lfm_2016