De très nombreux conducteurs et contrôleurs ont débrayé sans préavis partout en France, en faisant valoir leur droit de retrait après l’accident entre un TER et un convoi exceptionnel sur un passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence dans les Ardennes mercredi dernier.
Les conséquences de cet arrêt de travail surprise sur la vie de beaucoup de voyageurs, vendredi dernier et en ce week-end de départ en vacances de la Toussaint sont profondément regrettables. Il est par ailleurs évident que cette mobilisation des cheminots intervient en plein débat sur la réforme des retraites et juste avant la passation de pouvoir entre Guillaume Pepy et le nouveau président de la SNCF. Elle a aussi un caractère politique. Mais là n’est pas l’essentiel.
L’accident survenu il y a quatre jour pose clairement la question de la sécurité à la SNCF et des conséquences des décisions de gestion mises en œuvre depuis 10 ans, en particulier du mode d’exploitation « équipement agent seul », c’est-à-dire trains opérant avec un conducteur, mais sans contrôleur.
Le conducteur du train accidenté, contusionné et blessé à la jambe, a dû laisser les passagers seuls, dont certains légèrement blessés, et sortir sur la voie pour aller la sécuriser et éviter un suraccident. La collision avait en effet mis hors service le système d’alerte radio et fait légèrement dérailler la rame. La présence d’un second agent de la SNCF à bord aurait permis de gérer sans difficulté la situation.
La sécurité des passagers doit redevenir la priorité absolue de la SNCF, ainsi que de l’Etat qui la contrôle. Voilà plus de 11 ans que l’entreprise nationale est sous managée par une direction plus soucieuse de plaire au pouvoir politique que de défendre et d’assumer les décisions courageuses qui s’imposent pour la SNCF, ses salariés et ses passagers.
Comme l’avait démontré la catastrophe de Brétigny-sur-Orge en 2013, il y a urgence à réinvestir dans nos infrastructures ferroviaires pour que l’ensemble des trains puissent y circuler sans risque. Il faut aussi réfléchir aux impacts des mesures d’organisation mises en œuvre depuis 11 ans. La présence humaine reste la meilleure façon de garantir la sécurité de tous, aussi bien contre la délinquance que lors d’accidents.
Des études récentes ont confirmé qu’aux Pays-Bas, le remplacement des policiers par des radars automatiques au bord des routes avait conduit à l’augmentation de la mortalité routière. Il est tout aussi clair que les automates et autres robots n’ont pas la même capacité que des hommes ou des femmes à réagir efficacement lorsque des incidents surviennent. Cette double présence humaine représente un surcoût. C’est le coût de notre sécurité collective. Faire des économies dessus est un mauvais choix.
Profitons de la crise actuelle pour remettre à place l’organisation de la SNCF et les choix précédemment réalisés afin d’assurer aux passagers et aux salariés de la SNCF la sécurité et le confort de circulation qu’ils méritent, ainsi que l’avenir de notre entreprise ferroviaire nationale. Il est plus que temps !